Jordan Bardella estime que la question des retraites n'est pas la seule à cristalliser les tensions dans le pays.Il évoque notamment une "crise de l'inflation alimentaire de près de 25% qui n'est pas réglée".Ce chiffre ne reflète pas précisément la situation : au total, la hausse est de 10 points inférieure sur un an, de l'ordre de 15%.
Invité de LCI ce mercredi 29 mars au matin, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a évoqué une opposition "massive et frontale du peuple français". À la réforme des retraites, d'une part, mais pas seulement. La défiance à l'égard du gouvernement s'explique aussi à ses yeux par d'autres facteurs. Parmi les motifs de contestation, il cite entre autres la "crise du pouvoir d'achat qui n'est pas réglée", ainsi qu'une "crise de l'inflation alimentaire de près de 25%". Un chiffre qui interpelle mais qui se révèle trompeur. La hausse a été très forte sur un an, c'est vrai, mais dans des proportions malgré tout inférieures à celles évoquées par l'élu.
Une hausse d'environ 15% sur un an pour l'alimentation
Dans son intervention, Jordan Bardella se montre quelque peu imprécis. Il ne précise en effet pas sur quelle période porte l'augmentation des prix à laquelle il fait référence. On constate ainsi, grâce aux données de l'Insee, que la hausse des montants des produits alimentaires atteint près de 25% si l'on compare février 2023 à... janvier 2012. Mais l'institut de la statistique précise que sur un an, l'échelle de temps généralement retenue pour mesurer l'inflation, la hausse n'est pas aussi élevée.
Contrairement à ce qu'avance l'eurodéputé et chef de file du RN, l'inflation des produits alimentaires sur les 12 derniers mois est évaluée à 14,8%. Soit 10 points de moins. Les données fournies par le cabinet de conseil spécialisé dans la consommation Circana font écho à celles de l'Insee. L'entreprise, qui scrute la variation du prix des produits sur les tickets de caisse, note une progression de 16,2% entre février 2022 et février 2023.
Circana, à la demande du magazine LSA (spécialisé dans la consommation, l'alimentation et le commerce), a réalisé une étude qui porte sur 10 ans, de manière à visualiser l'inflation sur un temps long. Des travaux qui font émerger plusieurs éléments intéressants : tout d'abord, le fait que la hausse des prix des produits de grande consommation et frais libre-service (les PGC-FLS) "ont grimpé de 13% en moyenne et ceux des marques nationales de seulement 7%". L’inflation actuelle "comble la guerre des prix des autres années et remet le marché dans une certaine logique", souligne auprès de LSA une représentante de l'entreprise.
Dans le même temps, on apprend que les prix des MDD, acronyme désignant les produits des "marques de distributeurs", ont eux connu une évolution plus franche. +24% en dix ans. Nous sommes ici proches des 25% évoqués de manière floue par Jordan Bardella. Enfin, la catégorie de produits qui a été le plus touchée par l'inflation est celle des premiers prix, avec +44% de hausse en 10 ans. Des statistiques qui laissent à penser que les catégories sociales les moins favorisées sont celles qui ont le plus pâti des hausses successives.
Il y a quelques jours, TF1info consacrait un article aux produits qui ont connu la plus forte augmentation de leurs tarifs. Dans les supermarchés, la palme revient ainsi au sucre en poudre, aux steaks hachés surgelés, mais aussi aux spaghettis, au beurre gastronomique ou au lait de vache. Outre la hausse des matières premières, cela s'explique aussi par une progression des montants dépensés par les acteurs de l'agro-alimentaire dans les emballages, le transport, ou encore l'énergie.
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